Décembre, ô mois de tous les doutes.
Décembre: le tendre et doux (!) nom commun "hypokhâgne" commence à prendre une ampleur considérable dans mes journées au lycée. C'est simple, on ne parle plus que de ça. Cette petite boule de poils noirs grossit, au fil des jours et des mois. Démonstration en 3 étapes. (ou, ce qu'il ne faut jamais faire sous peine de se faire remarquer pour les six mois à venir.)
1) Visite de la conseillière d'orientation. (en gros, une femme grisonnante-petit-tailleur-ton-sec-je-connais-tous-les-sigles-par-coeur-et-pas-vous) 80 % des bacheliers squattent les bancs de l'université, et seulement mois d'un sur 10 se dirige hardiment vers la prépa. D'ailleurs, qui veut tenter une prépa ? Sur 29, je suis la seule. C'est terrible, comme sensation. Ma petite main agit comme un para-tonnerre, et tout de suite des étoiles brillent dans ses yeux et dans ceux de mon prof principal. Terrible, comme je vous disais.
2) Suite à cette maladresse, je me retrouve propulsée en rendez-vous avec mes profs de philo et de lettres (autrement dit, les pires.) Ces deux charmantes acharnées du travail me regardent avec fascination pendant dix longues minutes où je n'ose piper mot. Puis ça commence, conseils à la pelle: va en internat pas en appart, tente Henri VI, mais non Reims c'est pas si mal (non parce que même les profs sont pas d'accord entre eux! xD) prend grec, pas latin, il va falloir participer plus heiin, tout dépend de ta ca-pa-ci-té de travail, et arrête de lire des auteurs contemporains, vous aimez Spinoza n'est ce pas, les portes ouvertes tu y files, pose des questions, ne bavarde plus avec ta voisine, vous vous sentez étouffée chez vous ? Non, plutôt ici, madame.
3) Et enfin le forum étudiant: convaincue de par mon manque de sérieux et de travail acharné, je me présente avec prudence devant une prof d'histoire du lycée Jean Jaurès, qui tout de suite tente de me mettre à l'aise. (la pauvre, c'était peine perdue!) Elle m'expose la réalité mieux que quiconque ; certes c'est dur, oui on en attend beaucoup de vous, mais vous verrez ça vous donnera un avantage non négligeable pour après. Elle sourit. Je n'ose pas lui exposer mon manque pitoyable de participation orale. Elle continue la liste des qualités exigées. Et merde, le dynamisme est des plus importants. Je souris aussi. A l'année prochaine, peut-être. Peut-être.
Parce que je doute horriblement, depuis toutes ces rencontres, ces tas de conseils, d'espérances et de questions qui tournent en rond joyeusement dans une tête qui sonne trop vide à mon goût. Je doute de moi, vraiment.
En résumé, je dois sérieusement me bouger au deuxième trimestre. Risquer la tendinite du coude et lever plus souvent la main en cours. Ne plus être pessimiste. Faire une demande pour l'internat. Et surtout, surtout, prendre grec niveau débutant.